Il y a mille endroits où l’on peut visiter la fameuse Grande Muraille de Chine. Le plus célèbre étant certainement Badaling.
Entièrement restaurée, c’est certainement une très belle section qui a en plus l’avantage de ne pas être très éloignée de Pékin. Mais je n’avais pas envie de me retrouver dans une autoroute à touristes, et j’ai donc décidé de plutôt me rendre vers les parties appelées Jinshanling et Simatai, plus éloigné de Pékin, mais surtout moins touristique. L’inconvénient, c’est que c’est plutôt compliqué de s’y rendre.
J’avais lu sur un blog que la façon la plus économique d’y mettre les pieds consistait à prendre le bus public pour Luanping, et de descendre sur l’air d’autoroute de JinShanLing FuWuQu. Je me rends donc de bonne heure au terminal de bus situé à côté de la station de métro « Wangling West », et je m’insère dans la file des personnes qui attendent le bus de Luanping. Après une grosse demi-heure, le bus arrive enfin et je demande un billet pour m’arrêter à mi-parcours. Le chauffeur m’explique un truc en chinois, et je devine que ça veut dire: je vais bien à Luanping, mais je ne m’arrête pas là où tu veux aller. A moins que ça ne soit « ça change rien, tu dois payer pour tout le trajet ». Je lui demande s’il y a un autre bus pour ma destination. Il me répond que non, même si je ne suis pas sûr qu’il ait bien compris ma question. Bref, n’étant sûr de rien et n’ayant pas de plan B, je décide quand même de prendre ce bus, en me disant que ça serait plus simple de trouver un moyen de transport à 20 km de la destination plutôt qu’à 110 km, et que les 2 heures de bus me permettraient bien de trouver une solution.
Dès ma descente du bus à Luanping, une personne m’accoste et me demande où je veux aller. Je suis explique mon histoire en lui disant que je suis maintenant à la recherche d’un bus pour repartir vers la grande muraille. Il me répond qu’il n’y a pas de bus, mais il se propose de m’emmener où je veux contre un petit billet. Je ne suis pas vraiment sûr qu’il y a pas de bus, mais j’accepte quand même sa proposition: je n’ai pas envie pas passer toute la journée dans les transports.
Par contre, je profite de l’opportunité d’avoir un taxi pour changer mes plans et lui demande de m’emmener à Gubeikou: l’une des sections les plus difficiles d’accès, avec une partie du mur qui n’a jamais été restaurée et une autre qui ne l’a que partiellement été. C’est surtout un endroit où Booking m’indique un hébergement exceptionnel à un prix très abordable.
J’arrive donc sur place vers 14h. Je discute un peu avec le réceptionniste et lui demande des info sur les possibilités de rando dans la région. 15 minutes plus tard, je suis en route pour la section « fermée » de la muraille, c’est à dire la partie qui n’a jamais été restaurée et pour laquelle il n’est pas nécessaire de s’acquitter d’un droit d’entrée.
En repassant par le village, je tombe sur jeunes deux françaises qui semblent perdues. Arrivant à leur hauteur, je lance un « bonjour » qui est attrapé au vol comme une bouée de sauvetage. Elle doivent appeler le gérant de la chambre d’hôte qu’elles ont réservées, mais elles n’ont pas de réseau. Je prête mon téléphone à la première, pendant que l’autre m’explique qu’elles sont toutes les deux étudiantes en programme d’échange, la première en Chine et l’autre en Corée. Au moment où la jeune fille au téléphone explique à son interlocutrice qu’il faut venir les chercher à Watertown, je me permets d’intervenir en disant qu’il est possible que cette information soit quelque peu erronée, et je lui conseille de plutôt confier la mission de décrire l’endroit où nous sommes à l’autochtone qui vient de passer. (Le sur-lendemain, je me suis rendu à Watertown pour le trajet retour: c’était à plus de 10 km !).
Pensant avoir fini d’accomplir ma bonne action du jour, je récupère mon téléphone, abandonne les deux jeunes filles à leur sort et commence l’ascension. Je me trompais, ma BA n’était pas terminé : un quart d’heure plus tard, le téléphone sonnait, et une dame au bout du fil me demandais où j’étais…
L’avantage, c’est que j’avais déjà pas mal pris d’altitude et j’avais une vision surplombante de toute la vallée (c’est pas pour rien qu’il avait décidé de construire le mur ici). Du coup, j’ai pu repérer la voiture de la personne que j’avais au bout du fil et effectuer un radio-guidage à distance, ce qui lui a permis de retrouver les 2 étudiantes (bon, sur la fin, c’est un tout petit peu romancé, mais c’est quand même pas trop loin de la vérité).
Ce problème étant enfin solutionné, je repars dans l’ascension de ma muraille. Elle est effectivement en très mauvaise état, et je préfère la plupart du temps marcher sur le sentier qui la longe. C’est que j’ai aussi dans l’idée de bien repérer le terrain afin d’éviter les pièges pour préparer le trajet retour, car je sais qu’il y a de grandes chances que je le fasse de nuit, notamment à cause du temps perdu à jouer au bon Samaritain.
Je m’étais donné comme objectif d’arrivé au sommet avant 16h30. À 16h25, j’arrive sur la deuxième tour, que je croyais être mon but ultime. Mais le sommet est un peu plus loin: et c’est avec 2 minutes de retard que je touche la cime: encore perdu !
Le couché de soleil est simplement magnifique, et l’impression de dominer la vallée phénoménale. C’est tellement beau que je n’arrive plus à partir…
Je me raisonne enfin et entame la descente. La première partie, je la fais sur le mur en profitant des dernières lueurs du jour. Il n’y a de toute façon pas de chemin alternatif à cette endroit. Et je prends mon temps, n’oubliant pas que 80% des accidents ont lieu pendant la descente.
J’arrive sur le sentier en même temps que la nuit s’installe. A partir de maintenant, le plus gros danger serait de se perdre, mais il est assez limité : certes, il n’y a pas de marquage au sol et il n’y a qu’un seul kern, mais il est difficile à louper !
J’arrive dans le village vers 18h30. J’ai encore une demi-heure à perdre avant le dîner que j’ai déjà réservé pour 19h. Je décide de les consacrer à l’achat du pique-nique pour le lendemain. J’entre dans une épicerie, et tombe sur une bouteille de vin appelée “Great Wall” que je connais bien: c’est le vin qu’on prenait quasiment chaque année avec Jean-Pierre quand on allait fêter tous ensemble l’anniversaire d’Evelin. 2 minutes plus tard, je sors de l’épicerie avec une bouteille de vin rouge dans mon sac.
Quand j’arrive dans mon auberge de jeunesse, un new-yorkais et 2 finlandaises sont déjà à table. L’américain est sur le départ, mais les 2 scandinaves viennent d’arriver. Je me présente et leur propose directement un verre de vin. Ils acceptent sans se faire prier.
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